Argument N°2 : Allonger la durée de cotisation et reculer l’âge de départ sont les seules solutions : non !
Le gouvernement feint de croire que les seules options viables pour « sauver les retraites » sont de relever l’âge de départ en retraite à 64 ans (contre 62 aujourd’hui), et d’accompagner la mesure d’âge d’un allongement de la durée de cotisation requise pour toucher sa retraite à taux plein de 42 à 43 ans dès 2027.
En réalité, d’autres solutions existent, comme la hausse des cotisations salariales et patronales. Augmenter les salaires, comme FO le demande, c’est augmenter mécaniquement le volume de cotisations. Le relèvement du pourcentage de cotisations payées constitue une autre piste prometteuse.
Ainsi, comme l’a par exemple montré l’enseignant-chercheur à l’Université Paris 1 (Centre d’Economie de la Sorbonne) et chercheur associé à Sciences Po (LIEPP) Michael Zemmour, pour amener le système à l’équilibre d’ici 2027, il faudrait augmenter les cotisations de 0,8 point, ce qui représente 14€ par mois pour un salarié au SMIC. Pour discutable que soit le procédé, la facture resterait moins élevée pour les salariés que bien d’autres mesures qu’ils ont déjà financées. Enfin, le rétablissement de plusieurs cotisations patronales supprimées (et sans contreparties de la part des entreprises) permettrait de redonner aux retraites l’oxygène financier dont elles ont volontairement été privées. Le rapport du COR de 2019 indiquait que, pour résorber l’éventuel déficit qui apparaîtrait en 2025, il faudrait simplement augmenter les cotisations d’un point sur cinq ans, soit de 0,2 point par an… C’est loin d’être insurmontable, mais cette solution semble complètement laissée de côté par le gouvernement !
Si déficit il y a, ce n’est pas parce que les dépenses sont « hors de contrôle » mais parce que les recettes diminuent, conséquence directe des choix politiques du gouvernement qui organisé l’asséchement des flux financiers. C’est la « politique des caisses vides », une autre idée anglo-saxonne, qui consiste à générer d’abord un déficit pour ensuite justifier politiquement une réforme impopulaire, au nom de la « bonne gestion ».
Elle a permis d’imposer la réforme de nombreux services publics, comme la Sécurité sociale dans son ensemble, mais aussi les hôpitaux ou la SNCF par exemple. C’est une politique de « chantage à la dette » qui permet de faire passer des réformes difficiles, comme l’explique clairement une note publiée en 2010 par le FMI (Fonds Monétaire International) : « Les pressions des marchés pourraient réussir là où les autres approches ont échoué.
Lorsqu’elles font face à des conditions insoutenables, les autorités nationales saisissent souvent l’occasion pour mettre en œuvre des réformes considérées comme difficiles, comme le montrent les exemples de la Grèce et de l’Espagne. » Enfin, il faut rappeler que même sans nouvelle réforme, du fait de celles de 2010 et 2014, l’âge moyen de départ en retraite atteindra 64 ans dès 2038.
1 – Aucune étude ne démontre que l’équilibre financier des retraites est menacé, même avec une augmentation de nombre de retraités.
2 – Les changements successifs de motifs avancés pour réformer font, au mieux, douter de la sincérité du projet.
3 – Le rééquilibrage peut passer par des mesures plus justes et plus efficaces, démontrant la vacuité de l’argument financier.