InFO Réforme des retraites N°1 (FR/EN)

Rédigé le 23/01/2023


Argument N°1 : Travailler plus pour sauver le système de retraites => FAUX !

C’est le principal argument présenté par le gouvernement en faveur de sa réforme, alors que le système des retraites affiche un excédent budgétaire pour la deuxième année consécutive (900 millions d’euros en 2021 et 3,2 milliards en 2022).

Pourtant, en 2019, le motif avancé pour tenter d’instaurer une retraite par points n’était pas celui de la finance mais de l’équité entre les salariés (seul le régime spécial de la police échappait à l’uniformisation).

Plus récemment, il s’agissait moins de sauver le système de ses déficits que de pouvoir financer d’autres dépenses publiques : « l’école, la santé, le climat » hasardaient alors les promoteurs de la réforme, qui n’était que le moyen de dégager des ressources pour financer des politiques publiques qui, sinon, devraient l’être par l’impôt, par essence impopulaire.

A présent, c’est donc de la survie des retraites qu’il serait question…

Pourtant, le dernier rapport du Comité d’Orientation des Retraites présente 4 scenarii possibles de trajectoires budgétaires pour notre régime de retraite, et un seul présente de forts déficits, sans qu’il y ait péril en la demeure.
Daté de septembre, il affirme (écrit en toutes lettres en page 9) que “Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite”.

C’est donc l’organisme créé dans les années 2000 et utilisé pour donner une caution scientifique aux réformes successives qui le dit : la seule justification de cette réforme est politique et idéologique, certainement pas financière.

Ce genre de projections comporte de plus des limites importantes puisqu’elles ne tiennent pas compte d’éventuels changements systémiques forts comme ceux liés à la crise climatique ou à un changement de système économique, dont on ne peut pas connaître l’impact sur l’équilibre du régime.

A en croire la Première ministre, si rien n’est fait, ce sont plus de 100 milliards d’euros de dettes supplémentaires pour notre système de retraite dans les dix prochaines années.

Comme l’explique Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO et membre du Conseil d’orientation des retraites, il n’y a rien de plus faux. « Je rappelle qu’il y a cinq ans, le Comité d’Orientation des Retraites voyait les années 2020, 2021, 2022 déficitaires, expliquait-il au Parisien en décembre dernier. Pas de chance les années 2020, 2021 2022 sont excédentaires et pas qu’un peu, de trois à quatre milliards (NDLR : alors quand la Première ministre argumente avec une prévision sur 10 ans, il y a de quoi être dubitatif). Ça veut dire que les projections que fait le Comité d’Orientation des Retraites peuvent se tromper. En fait, le déficit qui serait annoncé par le gouvernement entre 10 et 12 milliards par an, c’est 0,5 % du produit intérieur brut, et ce PIB français en 2021, c’est 2 500 milliards d’euros. Ça veut dire que c’est peanuts. »

Surtout si l’on compare aux aides aux entreprises, c’est-à-dire 144 à 157 milliards en fonction de ce qu’on compte les exonérations ou pas, soit 9% du PIB. Le reste, c’est un choix de société et ce choix, FO ne peut pas le cautionner.

Dernier point, loin de contribuer à faire des économies, la réforme proposée gonflera la note pour les finances publiques. Selon l’édition 2022 du rapport de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) sur les retraites et les retraités, la réforme va bel et bien peser sur les dépenses publiques. Retarder l’âge de départ en retraite de deux ans revient à leur ajouter une facture de 5 milliards d’euros : 1,3 milliard sur l’assurance chômage (pour les seniors qui ne partent pas en retraite mais restent sans emploi) et 3,6 milliards pour les prestations sociales, l’AAH (allocation adultes handicapés) et l’invalidité.


Argument N°1: Work more to save the pension system => FALSE!

This is the main argument presented by the government in favor of its reform, while the pension system shows a budget surplus for the second consecutive year (900 million euros in 2021 and 3.2 billion in 2022).

However, in 2019, the reason given for trying to introduce a point-based pension was not that of finance but of fairness between employees (only the special police scheme escaped standardization).

More recently, it was less a question of saving the system from its deficits than of being able to finance other public expenditure: « school, health, climate » then ventured the promoters of the reform, which was only the means of freeing up resources to finance public policies which, otherwise, would have to be done through taxation, which is inherently unpopular.

Now, it is therefore the survival of pensions that is in question…

However, the latest report from the Pensions Orientation Committee presents 4 possible scenarios of budgetary trajectories for our pension system, and only one presents large deficits, without there being any danger of delay.
Dated September, it affirms (written in full on page 9) that “The results of this report do not validate the validity of the speeches which put forward the idea of ​​an uncontrolled dynamic of pension expenditure”.

It is therefore the body created in the 2000s and used to give scientific backing to successive reforms that says it: the only justification for this reform is political and ideological, certainly not financial.

This kind of projections also has significant limitations since they do not take into account any strong systemic changes such as those related to the climate crisis or to a change in the economic system, whose impact on the economy cannot be known. diet balance.

According to the Prime Minister, if nothing is done, there will be more than 100 billion euros in additional debt for our pension system in the next ten years.

As Michel Beaugas, confederal secretary FO and member of the Pensions Orientation Council, explains, there is nothing more false. “I recall that five years ago, the Pensions Orientation Committee saw the years 2020, 2021, 2022 in deficit, he explained to Parisian last December. Bad luck the years 2020, 2021 2022 are surplus and not just a little, from three to four billion (Editor’s note: so when the Prime Minister argues with a 10-year forecast, there is reason to be doubtful). This means that the projections made by the Pensions Orientation Committee may be wrong. In fact, the deficit that would be announced by the government between 10 and 12 billion per year is 0.5% of gross domestic product, and this French GDP in 2021 is 2,500 billion euros. That means it’s peanuts. »

Especially if we compare to aid to businesses, that is to say 144 to 157 billion depending on whether or not exemptions are counted, i.e. 9% of GDP. The rest is a choice of society and this choice, FO cannot endorse it.

Last point, far from helping to save money, the proposed reform will inflate the score for public finances. According to the 2022 edition of the Drees (Research, Studies, Evaluation and Statistics Department) report on pensions and retirees, the reform will indeed weigh on public spending. Delaying the retirement age by two years amounts to adding to them a bill of 5 billion euros: 1.3 billion on unemployment insurance (for seniors who do not retire but remain unemployed) and 3 6 billion for social benefits, AAH (disabled adult allowance) and disability.