FO après la crise

Rédigé le 19/11/2018


Issue de la première confédération syndicale créée en 1895 (la CGT), la CGT-Force ouvrière, communément appelée « FO », a vu le jour en 1948 pour s'opposer à la mainmise d'un parti politique sur le syndicat (à savoir le PC) et préserver l'indépendance syndicale.

Cette indépendance s'applique vis-à-vis de toutes les structures extérieures au syndicat, sans exclure les contacts de caractère démocratique, voire les alliances en cas de danger pour les libertés fondamentales. Elle implique également de se donner les outils de cette indépendance, dont la libre négociation en matière économique et sociale.

Auberge espagnole

Ni étatiste, ni révolutionnaire, mais républicaine et réformiste, telle est Force ouvrière. Républicaine par son attachement viscéral aux valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité, donc au service public. Réformiste par sa volonté d'améliorer progressivement les choses, de trouver les compromis assurant le progrès économique, social et humain.

L'un des principes fondamentaux de son fonctionnement est le fédéralisme, par opposition au centralisme dit « démocratique », c'est-à-dire une grande autonomie des structures qui la composent. Autre caractéristique de FO : c'est historiquement une terre d'accueil pour des militant(e) s exclu(e) s d'autres organisations, ce qui peut faire dire ou écrire que, parfois, elle peut apparaître comme une auberge espagnole.

Préférer le contrat à l'oukase

Aujourd'hui, après soixante-dix ans d'existence, FO traverse une crise inédite. Mais si une crise peut être un danger, elle peut aussi être une opportunité. Dans une période que l'on peut qualifier de troublée et problématique aux plans international, européen et national, il est essentiel que FO garde son cap réformiste, ses valeurs et son caractère internationaliste, y compris par ses exigences européennes.

Par définition et pragmatisme, un syndicat réellement et sincèrement réformiste ne peut pas être 100 % pour ou contre, parce que la vie n'est pas binaire ou référendaire. Fondamentalement, les valeurs ou pratiques de FO sont actuelles et d'avenir. Un contrat vaut toujours mieux qu'un oukase.

Sagesse et sérénité

Respecter les principes et valeurs de notre syndicalisme, c'est aussi respecter les salarié(e)s et nos adhérent(e)s dans leur liberté et leurs idées, en attendant qu'en retour ils respectent les valeurs du syndicat. Ce qui exclut bien entendu tout fichier déshonorant.

Je n'épiloguerai pas sur les soi-disant déboires financiers de FO qui n'en sont pas et la malveillance diffamatoire qui peut accompagner des articles en mal de sensationnel. Et, par souci d'indépendance syndicale, je n'alimenterai pas de polémique sur nos débats internes et les décisions que nos instances seront amenées à prendre démocratiquement, démocratie interne reposant sur le paiement régulier des cotisations par les structures, fondement du fédéralisme cher à FO.

Dans le cadre de l'élection du secrétaire général de la confédération, j'espère que la sagesse l'emportera et que celui qui sera élu apportera de la sérénité et mettra tout en oeuvre pour remettre en ordre de marche notre organisation syndicale.

Ligne réformiste

Aujourd'hui, la fédération des métaux FO que je représente entend que notre syndicat conserve sa ligne réformiste exigeante, basée sur sa liberté de réflexion et d'engagement. On peut être avec d'autres dans une action commune, mais nous ne pouvons pas être de ceux qui abdiquent en disant systématiquement oui ou non. Et je le dis clairement : ceux qui rêvent d'un rapprochement organique avec la CGT se trompent lourdement et confondent syndicalisme et politique.

Aujourd'hui, certains présentent FO, ce qui est nouveau et dangereux, comme une organisation composée de courants divers et organisés. C'est une erreur. FO peut avoir des minoritaires, non des minorités organisées.

Le syndicat est un outil au service des salariés, de principes et de valeurs, c'est cela l'essentiel. Tout le reste n'est qu'opportunisme et danger. Faire vivre et grandir notre syndicalisme libre et indépendant est notre seul objectif et ce qui guide notre ligne de conduite.

Frédéric Homez secrétaire général de FO Métaux.